mesure emission carbone

Clé #2 : Etablir une mesure fiable des émissions du scope 3

En 2021, seuls 9% des industriels interrogés par le BCG parvenaient à mesurer de manière exhaustive les émissions du scope 3 (source : BCG Carbon Measurement Survey, 2021).

Cette difficulté s’explique par de multiples raisons, parmi lesquelles :  la difficulté à obtenir les données auprès des fournisseurs, le manque de fiabilité des données utilisées (ex : facteurs d’émissions), le risque de double comptage, ou encore l’absence de standards de calcul universellement reconnus par l’industrie (même si le CDP et le GHG protocol fournissent des guidelines de calcul et de reporting du scope 3 qui commencent à être utilisés dans de nombreuses industries).

Tout ceci est vrai, et il faut pourtant bien adresser le sujet, car les émissions du scope 3 (amont + aval) pèsent environ 85% des émissions totales de l’industrie et parce que la règlementation française impose depuis le 1er juillet 2022 aux sociétés de plus de 500 salariés de produire un reporting et une trajectoire de réduction de leurs émissions du scope 3 (décret no 2022-982).

 

Quelles sont donc les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour y arriver ?

Commencer par réaliser une estimation « macro » des émissions par catégorie du scope 3

Soit en s’appuyant sur des données d’activité achats et en utilisant des ratios monétaires issus de bases de données génériques (Ademe, Impact) ou spécifiques (Eco Invent), soit en collectant les bilans carbone de ses fournisseurs en appliquant un pourcentage lié à son poids dans leur activité. Ces deux méthodes présentent l’avantage de pouvoir cibler « les grandes masses », mais elles trouvent très vite leurs limites : un niveau d’incertitude élevé, mais surtout elles ne permettent pas de définir une stratégie de réduction et encore moins de la suivre.

Evoluer progressivement vers une approche plus fine de suivi des données CO2 par fournisseur, dans une logique d’amélioration continue et d’échanges réguliers client – fournisseur

On parle ici d’intégrer les éléments constitutifs des 3 « scopes » d’émission des fournisseurs.
D’abord les scopes 1 & 2 avec, d’une part, les consommations par source d’énergie des usines (gaz, fuel, bois, solaire, éolien, électricité directe, …) en MWh et, d’autre part, les facteurs d’émission qui leur correspondent. Distinguer les deux apporte une lecture bien plus fine du potentiel de réduction (impact d’un changement de mix énergétique vers des sources moins carbonées, marge d’efficience/ sobriété, etc) et permet de maîtriser les facteurs d’émissions utilisés dans les bilans CO2. Ces derniers peuvent en effet varier considérablement d’un pays à l’autre et d’une source d’énergie à l’autre. Ensuite, pour le scope 3 du fournisseur, on peut s’appuyer sur des analyses du cycle de vie (ACV) carbone de quelques produits, choisis comme « représentatifs » des process de production, et extrapoler à l’ensemble des produits comparables.

Ce nouveau champ de collecte d’information auprès des fournisseurs doit s’inscrire dès le début dans une dynamique de pilotage des réductions de CO2.

Mettre en place une gouvernance des données CO2 en interne afin de pérenniser et automatiser le calcul des émissions

Des questions telles que « l’ownership » des données, la source des données et leur qualité, la conception du modèle de données, le process de mise à jour et d’industrialisation du calcul des émissions, sont clés afin d’être en capacité de produire un reporting régulier et fiable sur les émissions du scope 3. La donnée CO2 devient ainsi un attribut produit complémentaire à gérer dans les systèmes d’information de l’entreprise.

 

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